Né à Adelaïde (Australie) en 1973
 
James Cochran , alias Jimmy C, a joué un rôle clé dans le développement du mouvement graffiti underground en Australie au début des années 1990.
 
Diplômé en arts visuels de l’Université d’Australie Sud, il se passionne aussi bien pour les graffeurs new-yorkais que pour l’art aborigène des artistes locaux. La juxtaposition de ces univers si différents a forgé le style unique de Jimmy C, mélange de gouttes de peinture (dot painting) et de coulures (drip painting) réalisées exclusivement à la bombe aérosol
 
Ses nombreux voyages et rencontres, la découverte des impressionnistes renforceront et affirmeront l’originalité des œuvres de Jimmy C et leur style pointilliste.
 
Le rôle de l’individu dans la société, sa place dans la cité urbaine, le rapport de l’homme à son environnement, le sens de son existence sont des inspirations et réflexions constantes dans le travail de l'artiste.
 
Comme la somme des individualités forgent une société, les gouttes de peinture, l’assemblage de ces points de couleurs, particules séparées, uniques, prennent tout leur sens par l’ensemble cohérent que l’on découvre avec du recul. Après un séjour parisien ponctué de multiples performances, Jimmy C s’est installé à Londres où il a, entre autres, collaboré en 2013 avec Liberty, l’iconique magasin londonien, pour une édition sur tissu imprimé de ses célèbres Cœurs cosmiques, lancé au cours de la London Fashion Week.
 
Le portrait du champion olympique Usain Bolt (réalisé à l’occasion des J.O. de Londres en 2012) et la fresque de David Bowie à Brixton en 2013 (aujourd’hui lieu d'hommage et de recueillement) figurent parmi les œuvres emblématiques de l’art de Jimmy C.

Oublions la couleur,
naviguons dans le flou,
empêchons-nous de mieux voir…
Ce regard absent…Le mien peut-être ? 

Né à Berlin (Allemagne) en 2003
 
Le collectif 1UP comprend une quinzaine de membres, garçons et filles, tous originaires du quartier de Kreuzberg, de tradition ouvrière et haut lieu des mouvements alternatifs.
Plus qu’un collectif, il s’agit d’une famille où la maxime «l’union fait la force» est de règle : One Crew, One Love, One Power.
 
Des lettrages XXL pour une seule et même signature. Pas question d’individualité, de tirer la couverture à soi.
 
Impressionnés par l’«action painting» du crew espagnol Bajo Tierra, 1UP s’inspire de son mode opératoire.
Dans un train en mouvement, un membre du groupe actionne le signal d’alarme à un lieu précis. Les complices dissimulés en bord de voie se ruent sur la rame immobilisée, équipés de bombes, de lances à peinture et des fameux rouleaux extralarges. En trois minutes chrono le train se refait une beauté. Tout cela filmé en vidéo par un autre équipier.
Leurs actions sont regroupées dans un DVD autoproduit, collector !
 
1UP aime sa ville et considère ses actions – trains, tunnels, métros, véhicules, toits d’immeubles – comme des déclarations d’amour. L’efficacité de leurs opérations coup de poing est une référence pour les graffeurs du monde entier !

Dans la grotte de l’espoir,
on y danse chaque nuit.
De l’autre côté de la paroi,
des médisants déblatèrent, déblatèrent…..

Né à Brest en 1963
 
Pour Pierre-Henri Argouarch alias PHA, le bâti, le mur est un compagnon, un partenaire de tous les instants.

Architecte. Diplômé en 1989. Le port brestois est sa rampe de lancement pour une re-création du monde. Il confère à ce bassin un souffle nouveau, contemporain et coloré, avec la réalisation de l’incontournable édifice Archibox, «navire amiral» de l’agence A3 (Argouarch Architectes Associés) créée en 2005.

Plasticien. Les cimaises de la galerie DMA de Rennes l’accueillent en 2012 pour une exposition « Art Archi Archibox » présentant ses projets d'architecture au travers de ses croquis et de ses tableaux. La même année, une monographie «Pierre Henri Argouarch – architecte plasticien» viendra synthétiser son œuvre architecturale et picturale. 

Street artiste. Il réalise deux fresques monumentales sur des pignons d’immeubles du quartier de Recouvrance sur le thème « Ici c’est Brest». Fidèle à ses penchants dadaistes, se jouant des perspectives, il y réalise des œuvres en forme de collage sur fond de carte satellite.

« Comment aurais-je pu deviner que mes dessins, mes essais et bricolages divers, qui depuis toujours balisent ma vie dans le secret de l’atelier serviraient un jour, et au grand jour, de révélateur et de fil conducteur à mon travail d’architecte, au point d’en faire un support essentiel ! Comme si deux lignes parallèles depuis toujours se rejoignent et se croisent pour me permettre enfin d’affirmer et d’exprimer ma vision colorée de l’architecture et de la vie. »

Veine rouge
au dessus du noir,
les impatientes guettent
la rupture de l’aorte du mal.

Né en 1988 à São Paulo (Brésil)
 
Luis Gustavo Martins est né en dessinant. Dès l’enfance, il participe à des concours de dessin et l’un de ses premiers prix sera un livre d’images animalières. Une passion qui ne le quittera plus.
A 16 ans, il est initié par un de ses cousins au pixação, le graffiti made in São Paulo où prise de risque, transgression, revendication, prennent le pas sur l’esthétique.
 
La découverte de la peinture à la bombe aérosol lui offre de nouvelles perspectives qu’il ne tardera pas à mettre en œuvre sur les façades défraîchies ou les bâtiments à l’abandon, en mode « urbex », tel un dernier survivant laissant un message aux générations futures.
 
Face aux enjeux écologiques particulièrement sensibles au Brésil avec la déforestation amazonienne et à la passivité d’une population aveuglée par les médias, L7M (le 7 est son chiffre fétiche) axe son travail dans deux directions.
 
Il peint des oiseaux tropicaux, tout en mouvement, positifs et lumineux, aux couleurs chatoyantes, conjugué avec des motifs géométriques «graffuturistes». Des animaux libres porteurs d’espoir.
Les portraits d’humains sont, quant à eux, sombres, aveugles et muets, aliénés par les médias de masse et les multinationales. L’art urbain sera, pour L7M, un vecteur de prise de conscience et, qui sait, de protestation et de révolte…

Les oiseaux couleurs sont porteurs d'espoir,
ils n'aiment ni la déforestation,
ni les produits chimiques;
ils veulent simplement
garder leur terre d'envol vers l'infini.

Né à Lyon en 1986
 
Illustrateur, graffeur, tatoueur, lettriste, Franck Pellegrino fourbit les armes de son arsenal créatif.
 
Tout en œuvrant dans la rue par des graffitis colorés et enluminés.
 
C’est sous la férule d’un ami qu’il découvre un monde fascinant pour lequel une grande passion va naître, le tatouage. La rencontre des tatoueurs de Bleu Noir où il officie depuis 2009 le convainc définitivement.
 
Son style noir et blanc aux lignes précises et sophistiquées à la fois, parfaitement adapté au travail sur la peau, évoque l’art nouveau et la technique de gravure des débuts du XXe siècle. Aucun thème ne lui résiste: du bestiaire au paysage, des sports mécaniques aux morphologies, des scènes animées au logotype.
 
Il a conçu, en 2014, le blason de dix quartiers parisiens pour la «Battle Run», défi sportif lancé par Adidas pour un nouveau modèle de running.
 
Il continue à réaliser des fresques murales où son inventivité typographique et sa force picturale polychromique forcent l’admiration.
 
Sa dernière exposition s’intitulait «L’aventure commence»… So long baby !

Tous les symboles de Berlin,
fixés à la bombe
sur ce débris carcéral,
au poignet de l’humanité.

Né en 1982 à Canton (Guangzhou, Chine)
 
C’est à partir 2004 que FIRE intervient dans la rue avec le collectif ZoomZoo et leurs stickers puis en binôme sous le blaze FIRExRD en technique pochoir.

FIRE et RD souffrent de voir la Chine, leur pays, à l’instar de ses homologues du vaste monde, lancée à tombeau ouvert dans une course au développement économique effrénée et oublieuse des fondements de sa culture. Durant des années, ils mettent en scène les symboles oubliés, sentant leur ville, coupée de ses racines, perdre son âme. 

A partir de 2011, FIRE poursuit son travail en solo sur le thème des icônes traditionnelles.

En juin 2013, il entame un projet au long cours, “Missing”, inspiré par l’attente de Godot chère à Beckett : “Que faisons-nous ici, voilà ce qu'il faut se demander. Nous avons la chance de le savoir. Oui, dans cette immense confusion, une seule chose est claire : nous attendons que Godot vienne.”

Un personnage, réalisé au pochoir, visage théâtralisé, costumé, cravaté. Collé à la main un cornet en carton et son bouquet de fleurs fraîches. Il patiente, espère, consulte sa montre … le temps passe, les fleurs fanent… la vie continue…

L'œuvre de FIRE sur le pan du mur de Berlin : la chute d'un homme se raccrochant à un énorme point d'interrogation. Celui des remises en cause et des questions que nous pouvons et devons poser au monde face à une situation inacceptable.

Il n’est pas tombé du building de l’administration.
Il a simplement chu,
sur un tapis d’étoiles éteintes,
en se posant une multitude de questions.

Né en Bretagne en 1966
 
Débarqué de Rennes, diplômé des beaux-arts, à Rome où il restaure des meubles anciens, c’est à Florence que Clet pose ses valises en 2005.
 
C’est le choc. Florence, ville de la Renaissance, avec son prestigieux patrimoine artistique, œuvre d’art en soi, est défigurée par des panneaux de signalisation, qui plus est injonctifs! Ses talents de peintre, son sens de la dérision vont prendre corps à l’extérieur de l’atelier.
Il dessine des scènes, imprimées sur autocollants généralement noirs, qui seront collés sur des panneaux, en prenant garde de ne pas nuire à sa lisibilité.
 
Clet n’aime pas les sens uniques.
L’un de ses musts est une crucifixion sur un panneau «voie sans issue». D’une scène religieuse, au non-sens de la religion, à la vie éternelle… bien des interprétations sont possibles.
 
Clet un artiste sans interdits.
Le panneau rouge barré du blanc de l’interdit lui offre un terrain de jeu varié et imaginatif, signalétique cosmopolite devenue iconique.
Les sollicitations institutionnelles des municipalités se multiplient pour permettre à Clet d’égayer leurs signalisations.
 
Peintre et sculpteur, Clet s’affranchit des codes.
Florence a accueilli temporairement en 2012, un appendice nasal («Prendiamoci per il naso») sur la tour San Niccolò, lui conférant visage humain; et jusqu’en septembre 2014, sur l’une des avancées du Ponte alle Grazie , «L’uomo comune» («L’Homme commun»), un pied dans le vide… visa pour l’aventure.

7 janvier 2015 :
la liberté s’est échappée d’un bout de crayon armé.
Oubliant la toile marouflée,
Delacroix a fait des émules

Né à Heidelberg (Allemagne) en 1947
 
Plasticien sculpteur, Peter Unsicker a son atelier en rez-de-chaussée, vitrine sur rue, horizon bétonné, vue imprenable sur le mur.

Il entame son «travail sur ce qui est corrompu» en 1986, car «Comment le corps peut se retrouver dans la pierre – dans le béton ? La distance est trop grande, sa chance est juste là-dedans».

Trois années d’actions à forte valeur ajoutée symbolique sont lancées.

Un grand pansement préventif sur le thème du «Temps de moisissure» arraché par une ronde de militaires… La guerre frappait à sa porte!

Des masques de plâtre, visages grimaçants, sorte de mémoriel intriguant et questionnant prennent le relais et se multiplient sur le mur au gré des «nettoyages».

La lutte se poursuit «bois contre béton». Imaginant une putréfaction contagieuse de l’un à l’autre, Peter Unsicker adosse au mur des poutres de pin.

«Wall Street Gallery» devient l’enseigne de son atelier.

En 1989. Des bris de miroirs recouvrent le mur, «Fissure dans l’optique» d’un éphémère Mu(seh)um (seh = voir). 

Les os de la performance «Transplantation» jonchent le sol. Fendus, ils renferment marks occidentaux et orientaux, fusion symbolique en une substantifique moëlle.

Le 9 novembre 1989, l’ours berlinois se remet à danser et la (W)ALL STREET GALLERY peut continuer à développer ses activités plastico-musicales…

Radiographie d’un cerveau Yin et Yang,
accumulation de masques,
mémorial de l’absurde :
des visages s’appellent de chaque côté du mur.

Né à Ancone (Italie)
 
Giacomo Bufarini est un artiste italien installé à Londres.

Le pseudo Run lui a été inspiré non seulement par la sonorité du mot, mais également par l'importance de son sens (notion de course, de vitesse), correspondant parfaitement à sa technique tout en mouvement et en dynamisme. A moins que ce ne soit sa pratique et sa méthode de travail qui aient induit le pseudo Run comme une évidence !

Artiste prolifique, ses créations semblent plonger leurs racines dans la Renaissance italienne et dans l’école vénitienne. Pas vraiment étonnant pour ce Marco Polo de l’art.

Grand voyageur, avide de découvertes, de rencontres et d’échanges, il enrichit son travail de la culture, des mythes, des symboles des pays et continents parcourus, de la Chine au Sénégal en passant par l’Inde.

Partout il offre aux populations des fresques, traces plus ou moins éphémères de son talent de muraliste, débuté en 2003 en Italie sur un immeuble qu’il squattait.

Il poursuit ses «live performances» un peu partout dans le monde, à Gdansk en Pologne, à Shenzhen en Chine, bien sûr à Londres et dans les grands festivals d’art urbain qu’il affectionne.

Fin 2014, il présente sa première exposition personnelle « Parabola di G.», sous le nom de Giacomo Bufarini à la Howard Griffin Gallery de Londres.

Mélange des genres,
mélange des gens,
besoin d’échanger, de se compléter.
Bonjour…ça va ?

Né à Lyon en 1958
 
Ne trouvant pas sa voie dans la cité des Gones, Thierry part pour Berlin en Janvier 1982 avec deux petites valises, séduit, à priori, par les possibles de cette enclave occidentale à l’intense bouillonnement culturel, attiré par la musique de David Bowie et Iggy Pop, qui eux aussi avaient habité à Berlin-Ouest quelques années auparavant.
 
Il trouve tout de suite sa place dans un ancien hôpital, transformé en centre de jeunes, avec vue imprenable sur le mur… Bonjour l’ambiance !
 
Deux ans plus tard, en  Avril 1984 avec Christophe Bouchet, rencontré sur place, ils décident, candides et nonobstant le danger, de se mesurer au monstre de béton en le couvrant de leurs personnages, démarche inédite, sans souci politique ou d’embellissement.
 
L’urgence des interventions  impose des motifs simples aux couleurs de préférence vives bien que soumises aux aléas des pots de peinture récupérés sur les chantiers.
 
Ses fresques murales prirent avec les années des proportions considérables et furent rapidement reconnues par la scène artistique. La sortie du film de Win Wenders, Les ailes du désir, en Mai 1987, où apparaissent ses interventions, assure à Thierry une visibilité internationale.
 
Ses peintures, avec leurs couleurs vives et leur poésie mélancolique, sont parmi les plus représentatives de l'art du mur de Berlin. Elles y restent plus longtemps que les autres et survivent à la chute du mur de novembre 1989.
 
Les peintures de Thierry Noir prennent alors une place toute particulière et singulière, celle d’une osmose exceptionnelle entre l’histoire de l’art, celle de la liberté et de l’Histoire tout court, elles deviennent le symbole de la liberté retrouvée après la réunification des deux Allemagnes, et la fin de la guerre froide.
 
Noir est aujourd’hui une figure emblématique du street-art dont il est un des précurseurs. A Londres, en Avril 2014, la Howard Griffin Gallery, lui rend un bel hommage par une exposition rétrospective.

Notre passeur de mémoire
fait d’un mur de prison
une fenêtre ouverte sur l’horizon.
On le croise encore, sa blessure en bouche,
dans les rues éprises de liberté.